Mes conditions de vie précaires - et donc mon nombre insuffisant de chaises - me force à leur annoncer que l'on va devoir manger séparément. Katy, toujours devant la télé, déclare qu'elle peut attendre et... je me retrouve nez à nez avec celle que tout le monde appelle Dany. Osecour.

- Il est bon ton macaronis, mais sans vouloir te vexer, j'imagine que tu te lances pas dans une carrière culinaire ?

- Ha ha, je ris jaune. Non, pas vraiment. En fait, pour tout t'avouer, j'aimerais beaucoup intégrer les forces de l'ordre alo...

- Wow mais c'est génial, j'adore ! Je connais le commissaire du coin, je peux grave te mettre en contact avec lui.

Là, je dois dire que je suis sur le cul. Stupéfait, je réponds ;

- A-Avec plaisir, Dany. (j'accentue l'emploie du surnom pour lui rappeler que je suis un mec bien). Ça me ferait gagner beaucoup de temps.

- T'es trop mignon quand t'es heureux, Ely!  On dirait un gosse (je grince des dents mais je dis rien, son influence est trop précieuse à l'heure qu'il est). Elle me gribouille un mail et un numéro sur une feuille de papier. Voilà, contacte-le et dis-lui que c'est de ma part. Je lui parlerai de toi si je le croise.

Je lui dois une fière chandelle. Pour la remercier, je la supporte tout le reste du repas, elle, ses hausses et baisses de ton imprévisibles et ses phrases perturbantes.

- Tu verras, ici, il fait souvent moche. continue-t-elle entre deux bouchées.

Cool...

Plus sérieusement, je commence à l'apprécier un peu plus cette Danielle, surtout quand elle se lève et qu'elle se propose pour faire la vaisselle. J'en reviens pas. Elle a quand même parfois des traits humains qui la rapprochent du commun des mortels.

C'est au tour de Katy de s'asseoir. Ouais on a échangé les places mais on s'en fout puisque c'est pas comme si cette histoire devait être logique. J'ai un peu la gorge qui se noue, mais je vois qu'elle me parle normalement alors je suis la tendance. 

Après avoir un peu discuté, j'apprends qu'elle est concernée par l'environnement, l'écologie et le réchauffement climatique.

- D'ailleurs, j'ai vu que tu faisais pas le tri chez toi. ajoute-t-elle, suspicieuse.

- Ah oui non, mais te fie pas à ce que tu vois, je viens d'emménager, c'est prévu... je réponds, l'air de rien. Vous aussi, vous avez cramé mes talents de mytho ?

- Te fous pas de ma gueule.

Ouais bon, ça marche jamais avec elle.

Katy est partie rejoindre sa copine Dany cheloue pour parler de la disparition des pâquerettes en région picarde, et moi j'en profite pour me glisser sur mon ordi et envoyer un mail au Commissaire Charles Ducroute. Va falloir que je fasse attention à pas me moquer quand il se présentera. 

J'ai plus qu'à attendre et faire de la corde à sauter.

- Donc, si j'ai bien compris, ça veut devenir agent de police. ose me provoquer la rousse insolente.

- Ouais, c'est un rêve de gosse.

- C'est cool pour toi, mais t'as pas intérêt à utiliser Dany pour arriver à tes fins, elle menace, un peu agressive.

Pourquoi tant de haine chez cette fille, Nomdidiou ?

Je me suis rarement fait fusiller du regard aussi violemment. C'est qu'elle fait flipper, Chucky.

Je la rassure, en lui disant que je suis pas un mec comme ça et puis, pour changer vite de sujet de conversation avant que Dany Boon n'entende quoique ce soit, je leur propose de montrer ce que je sais faire.

Dans le feu de l'action, je suis.

...

Ben... elles sont parties où ?

Je me retrouve tout seul comme un con, voilà. Je me rends juste compte qu'elles m'ont laissé un bocal rempli de lucioles, je sais pas d'où il sort mais ok, pourquoi pas. De toute façon, toute cette activité physique et ces perturbations mentales m'ont fatigué. J'enfile mon pyjama rouge comme la passion, et je vais au lit. 

Je m'endors et je me laisse aller à de doux rêves, plein de simflouz et de Charles Ducroute qui me décerne la Légion d'honneur, en hommage à mes actes héroïques. Et Chucky qui me saute dans les bras, en avouant qu'elle est folle de moi.

~~~~~~

Le lendemain, je me réveille tranquillou et comme je vois que le temps dit fuck à Dany parce qu'il fait beau, je choisis de sortir en pyjama chercher le courrier. 

Vision d'horreur dès le réveil.

Cette femme flippante me fixe et j'aime pas trop ça. On dirait presque qu'elle m'attend.

Pourquoi diantre sont-elles toutes sapées comme des adeptes sectaires de Death Metal ?

Cerise sur le gâteau, madame se met à rire comme un gros porc.

- Pwahaha, nan mais tu t'es vu avec ton vieux pyjama couleur ragnagna ?

Une envie de meurtre me prend à mesure que mes oreilles supportent le rire gras et sale de ce cucurbitacée qui vient squatter mon territoire. Pour qui elle se prend à me donner des conseils vestimentaires, elle ? Elle s'est prise pour Cristina Cordula ou quoi ?

Tchip.

J'vais lui montrer de quel bois j'me chauffe.

- Même ne serait-ce qu'un morceau de la manche de mon pyjama est plus sexy que toi toute entière. je riposte. Ma répartie est un peu pourrie, mais c'est encore le matin et puis à remarque puérile, réponse puérile.

Je la vois s'énerver, et c'est pas fameux. 

- Redescends d'un étage, on a pas élevé les moutons d'Ardèche ensemble !

En fait, c'est vraiment pas mieux de son côté.

- Il manquerait plus que ça. VADE RETRO SATANAS !

Je préfère lui parler latin, d'abord parce que je suis un homme respectable et profondément cultivé, mais surtout parce qu'on sait jamais de quoi ces gens sont capables. C'est quoi ce quartier de demeurés, je me demande.

En l'ignorant royalement, je vais à ma nouvelle boîte aux lettres (un peu fier, je l'avoue) pour prendre le courrier. Des factures... déjà ?! Faut vraiment que je remplisse les caisses, sinon je vais couler comme le navire d'Eric dans la Petite Sirène. Et je suis pas sûr que ma rousse à moi ne daigne venir me sauver du naufrage.

Je rentre donc, un peu grincheux, en me disant que je vais me préparer des macaronis au fromage de réconfort.

...

Attendez..

Vous avez vu ce que j'ai vu ? Nan... C'est une putain de blague. Arrête de me provoquer, vile créatrice.

En plus, elle est en train de mater TFou. Okalm.

- Mais qu'est-ce que...

J'ai pas le temps de la virer de chez moi, que le téléphone sonne. Je respire un bon coup et je me dirige vers le téléphone.

- Oh, monsieur Ducroute ! 

Mon cœur bondit dans ma poitrine, tandis que je prie pour qu'il n'entende pas Casimir en arrière plan. Heureusement que je sais pas à quoi l'autre folle pense d'ailleurs, et heureusement que Ducroute sait pas que je lui réponds en pyjama rouge passion. Bonne nouvelle ; mon mail l'a convaincu et je suis pris à l'essai dès ce soir. YEAH.

Maintenant il me reste juste un petit problème à régler...

Le cachalot s'est mis à jouer au solitaire... Vas-y fais comme chez toi, je dirais rien.

ARGHH... NAON. ELLE L'A FAIT. ELLE A CASSE LE SEUL LIEN QUI ME RESTAIT AVEC M.HUMBLE! SORCIIIIIIIERE.

- Oups, hihi, pardon, balbutie t-elle. Ouais ce sont bien des excuses à la hauteur du cachalot qu'elle est.